J’ai commencé mes études en arts plastique au Cégep de Saint-Jérôme en 1979, puis à l’Université Concordia pendant un an. J’ai ensuite suivi un cours d’histoire l’art à l’UQÀM. En 1993, je me suis inscrit à une formation en infographie à l’Institut Icari.

Mes recherches artistiques s’étendent sur quarante ans de pratique personnelle. J’ai toujours fait suffisamment d’argent en travaillant comme serveur, guide touristique, directeur artistique ou autres choses pour ne pas avoir à trop me préoccuper de la vente de mes œuvres.

J’ai toujours fait les tableaux que je voulais et je les voulais comme des aventures et non comme des recettes. J’ai vendu la majorité de ces tableaux, mais je n’ai jamais réussis à réellement « passer professionnel ».

Suite à mes études en infographie j’ai délaissé la peinture pour explorer l’univers informatique et l’édition numérique. J’ai travaillé à titre de graphiste et directeur artistique, notamment en Côte d’Ivoire comme coopérant mais principalement à Montréal en publicité, durant 7 ans.

Exaspéré par ce milieu qui ne correspond pas à mon tempérament, je suis une personne franche, honnête et un peu naïve : c’est dire à quel point je n’avais pas ma place en publicité!

Je décide donc de retourner travailler comme serveur et de relancer ma carrière artistique en utilisant l’infographie pour produire des œuvres imprimées. L’idée de l’« Étude du chiffre 5 » m’est venue dans ce cours d’histoire de l’art suivi à l’UQÀM, à titre d’auditeur libre. Il y était question du signe, du sens du signe mais aussi de la répétition du signe, comme chez Warhol.

J’ai appliqué le principe littéraire Oulipo, utiliser la contrainte comme moteur créatif. Exemple Oulipo : le roman « La disparition » de George Pérec écrit sans utiliser la lettre « e » .

M’inspirant donc de Warhol et de Oulipo, je combine contrainte créative et répétition d’une image. Pour mes premiers essais je me suis fait un gabarit de 5, découpés à l’excato dans un carton vernis qui pouvait guidé ma main.

Grâce à l’infographie des combinaisons numériques autrement plus compliquées à réaliser à la main, sont accessibles. En dupliquant toujours le même modèle, un seul symbole graphique, simple, connu de tous : le chiffre 5. Dupliqué, réfléchi, tourné dans tous les sens, superposé. Des 5 associés différemment pour créer autant d’images que faire se peut!

Si j’ai choisi le 5 pour l’exercice, c’est qu’il contient les deux expressions fondamentales de la ligne : l’angle et l’arc. À ma connaissance, un tel esprit de synthèse ne se retrouve dans aucune autre graphie. Un tirage à 100 exemplaires de« Quintessence », étude du chiffre 5 , livre d’art de cent pages sur le développement de toutes les images que j’ai pu créer à partir de presque rien, seulement un 5, est publié à compte d’auteur en 2004. Édition en noir et blanc sur papier sans acide au format 11’’ x 8.5’’, couverture souple rehaussée à la main. https://louiszprudhomme.com/etude-du-chiffre-5/.

Des épreuves des modèles crées numériquement dans l’étude du chiffre 5 ont été éditées par transferts d’images sur différents formats de papier choisis. Cette recherche a été exposée une première fois en 1998 au Bar le Boudoir sur la rue Mont-Royal, avec un certain succès.

Par la suite je me suis remis à la peinture en fabriquant des tampons de caoutchouc-mousse, en forme de 5, de différents types et grosseurs, pour ensuite les tremper dans la peinture acrylique et les appliquer sur la toile afin d’accéder à un contact plus sensoriel avec l’œuvre.

Faire des œuvres moins mécaniques. Ces œuvres ont été exposées à la Galerie le 1040 sur la rue Marie-Anne en 2005 et ce fut un succès. C’est sur les recommandations d’une journaliste culturelle bien connue que j’ai été présenter mes œuvres à la galerie Clair Obscur, rue Beaubien.

Malgré une bonne réception du public et des ventes appréciables, je n’ai rien récolté de tout cela suite à la faillite du « gros Philippe », propriétaire de la dite galerie. Ma blonde étant enceinte, cette déconvenue m’a dégoûté du marché de l’art.

J’ai déménagé mon atelier dans le garage sombre et poussiéreux de notre appartement pour faire de la place à mon fils. La peinture ne me tentait plus. J’ai repris le plateau de service et, je me suis occupé du bébé.

Mais, trois ans et trois/quatre restaurants plus tard, le désir de créer me reprend. À l’époque, un de mes collègues, au Mas des Oliviers, récupérait les bouchons de liège pour en faire des babillards. Je me suis donné comme défi de faire des tableaux à partir de ce matériau.

Tout comme pour l’ « Étude du chiffre 5 », partir de presque rien et mettre en valeur le potentiel esthétique d’un objet tout ce qu’il y a de plus commun: un bouchon de liège usagé, pour créer des œuvres d’art. Utiliser un matériau habituellement associé à la poubelle ou à l’artisanat pour en faire des tableaux.

Comme je l’ai déjà mentionné, ce que j’aime de l’art c’est le défi. Je me suis lancé le défi de faire reconnaître comme œuvre d’art des collages en bouchons de liège.

Les tableaux et photos tirés de cette recherche ont été présentés pour la première fois au Bar Le Boudoir en 2013 sous le titre « État de liège ». Chaque œuvre est constituée de deux tableaux en relation complémentaire, opposée ou associative. On peut parler de diptyque.

Les pièces principales sont depuis exposées au restaurant « La menthe poivrée » sur la rue Rosemont ainsi qu’ au « Bar le über » sur la rue Fleury et le pub zéro déchet  La Cale, St-Hubert/Bélanger,  en attendant d’être prochainement réunies pour leur première présentation officielle en tant qu’œuvre complète.

Je ne désire pas vendre ces pièces à l’unité : elles forment un tout. Je veux les présenter dans leur ensemble car elles abordent des notions que je considère complémentaires. Les pièces composant « État de liège » illustrent un aspect de dualité sur un sujet de préoccupation générale. Par exemple « E vs W » présente simultanément les deux côtés opposés d’un même bouchon coupé transversalement, sur deux panneaux placés côte-à-côte. Il symbolise notamment l’opposition est/ouest, riche/pauvre, les deux solitudes…  Un destin différent pour deux moitiés issues de la même matrice : côté logo, côté no-logo.

La face sur laquelle le numéro de série du bouchon apparaît a été sacrifiée en servant de ligne de coupe pour diviser le bouchon en deux tout en préservant les plus beaux côtés. Voir: https://louiszprudhomme.com/gallerie-2/gallerie/etat-de-liege/

Pour la présentation finale des diptyques, un côté est l’original, alors que l’autre moitié est une photographie de l’original, confrontant ainsi réalité et reproduction.

Ainsi de suite pour les autres « couples » de tableaux. Je m’interroge sur différentes formes d’interactions et je les mets en scène par le biais de ces diptyques.

En 2019 j’ai entrepris une série de plus petit format, 12’’ x 18’’ : « Le bestiaire de liège ». Hiboux, chats, poissons, oiseaux. Des pièces qui tiennent par elle-mêmes sur une surface plane; pas simplement tableau, pas tout à fait sculpture…

Je suis actuellement en train de mettre au point une formule de discussion/rencontres autour de mes expériences créatives afin de rencontrer  un public plus varié que celui qui fréquente habituellement les galeries ou les musées. Des rencontres partage d’expériences que je compte présenter dans les résidences pour personnes autonomes, les maisons de jeunes ou dans un cadre corporatif.